Auteure et mentore, Josianne Hosner effectue des conférences et organise des séminaires ainsi que des webinaires relatifs au cycle menstruel.

Des ouvrages sur les menstruations aux utérus en peluche en passant par son chemisier, le rouge est omniprésent au sein des locaux professionnels de Josianne Hosner, à Lotzwil. «C’est une jolie couleur qui symbolise la force – et bien sûr les menstruations», explique cette ancienne libraire qui s’est reconvertie en mentore spécialisée dans les menstruations. 

Si elle-même vit plutôt bien ses règles, elle a constaté qu’il s’agissait de la bête noire de nombreuses femmes. Elle a alors voulu faire évoluer les choses: «Au cours de notre vie, nous avons environ 500 fois nos règles. C’est trop pour ne les voir que comme un fardeau», explique-t-elle. Après avoir elle-même été confrontée à des sautes d’humeur, elle a commencé à observer avec attention son cycle menstruel pour mieux le comprendre.

Bien connaître son cycle menstruel pour prendre soin de soi

Depuis 2015, Josianne partage ses connaissances via son entreprise individuelle «Quittenduft». Elle organise des conférences, des ateliers et des webinaires qui traitent du quotidien et de la communication en lien avec les menstruations, mais pas de sujets médicaux. Elle aime comparer les phases de ce cycle avec les quatre saisons. Cette approche imagée et axée sur la pratique peut aider les femmes à identifier leurs besoins et, dans la mesure du possible, à mieux en tenir compte.

Le modèle des quatre saisons

Printemps (phase folliculaire, entre le 6e et le 12e jour du cycle environ)

Été (ovulation, entre le 13e et le 19e jour du cycle environ)

Automne (phase lutéale, entre le 20e et le 28e jour du cycle environ)

Hiver (menstruation, entre le 1er et le 5e jour du cycle environ)

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Identifier les schémas récurrents et bien répartir son énergie

Pour connaître ses besoins et identifier les choses qui se répètent de mois en mois, Josianne Hosner recommande d’utiliser l’affiche du cycle menstruel, une sorte de «journal des règles», en notant comment on se sent physiquement et psychologiquement, comment on dort ou quelles envies on a. 

«Le fait de connaître ses saisons intérieures permet de bien répartir son énergie», explique-t-elle. «Des activités avec d’autres personnes sont possibles au milieu du cycle, en été. À l’automne, en revanche, il s’agit de ne pas faire n’importe quoi et d’avoir conscience des changements nécessaires. Et en hiver? «S’allonger de temps en temps dans le lit l’après-midi et se faire choyer par ses enfants peut faire des miracles», explique cette mère de trois enfants tout en faisant un clin d’œil.  

La règle du 1%

Elle a toutefois conscience que le quotidien professionnel tient rarement compte du cycle menstruel. «Des femmes me disent souvent que tout n’est pas si facile, qu’elles ont des rendez-vous et que les autres ne peuvent pas prendre en compte leur cycle menstruel. Je leur réponds alors qu’elles, elles le peuvent.» Par exemple en appliquant la «règle du 1%». «L’idée est de se demander ce que l’on peut faire pour améliorer sa situation de 1%.»

Même de petits détails (recourir à des huiles essentielles, boire un verre d’eau, faire une pause de 3 minutes et écouter de la musique, etc.) peuvent aider à se sentir mieux. 

Communiquer ouvertement avec son partenaire

Mais ce que Josianne recommande surtout, c’est de communiquer ouvertement. En effet, une gestion consciente du cycle menstruel peut non seulement aider les femmes, mais aussi s’avérer bénéfique pour le couple. «Il y a même des hommes qui accrochent l’affiche du cycle menstruel au mur pour voir dans quelle phase leur partenaire se trouve.» La métaphore des saisons permet de s’épargner de longues explications, comme l’explique Josianne: «Pour les hommes également, il est plus simple de demander si l’automne approche. Cela facilite les échanges.»

Affiche du cycle menstruel à télécharger

Sans même le remarquer, de nombreuses femmes présentent régulièrement des symptômes similaires tels que des sautes d’humeur, des envies ou des douleurs certains jours du mois. L’affiche du cycle menstruel permet d’identifier les schémas récurrents, et ainsi d’y voir plus clair et de contrôler ses menstruations.

Affiche du cycle menstruel à télécharger

Suggestions et conseils de Josianne Hosner pour vivre de manière cyclique

  1. Mieux connaître son cycle menstruel

    Ce cycle doit être vu comme un processus naturel et précieux dans le cadre duquel on traverse des phases favorisant l’énergie, le repos et la créativité.

  2. Réfléchir régulièrement

    Il est utile de se demander quotidiennement dans quelle phase du cycle on se trouve afin de mieux identifier et comprendre ses besoins.

  3. Anticiper

    Dans la mesure du possible, il convient de planifier à l’avance des dates flexibles – par exemple pour un week-end en amoureux ou des grillades – en tenant compte de son cycle menstruel. Les activités avec d’autres personnes doivent surtout avoir lieu «en été».

  4. Modifier son comportement

    Adapter ses activités, son alimentation et ses activités physiques à la phase dans laquelle on se trouve permet de mieux exploiter ses réserves d’énergie.

  5. Prendre du temps pour soi

    «En hiver», on doit prévoir des pauses et ne pas trop en faire afin de tenir compte de ses propres limites. Cela implique parfois aussi de dire non.

  6. Communiquer ouvertement

    Si le moral est au plus bas sans raison apparente ou si on a simplement besoin de repos, on doit le dire ouvertement afin de faciliter les choses pour tout le monde.

Un ciel parfois voilé: lorsque le cycle menstruel agit sur le moral

Jacqueline Graf (43 ans) a expérimenté ce que vivent de nombreuses femmes dès leurs premières règles: elles doivent constamment être à l’écoute de leur corps, faire attention et subir des douleurs ainsi que des sautes d’humeur – et rechercher des solutions.

Douleurs et repli sur soi

«Lorsque j’étais jeune, j’allais souvent m’allonger avec des antidouleurs et une bouillotte», se souvient-elle. Elle a longtemps fait confiance à la pilule pour réguler son cycle menstruel. Après la naissance de sa fille, elle a essayé des piqûres contraceptives trimestrielles qui ont amené ses règles à cesser complètement, mais n’a pas continué. «Au début, j’ai trouvé ça très pratique! Mais ensuite, je me suis dit que ce n’était pas naturel de ne pas avoir ses règles, d’autant que ma joie de vivre diminuait fortement.» 

Des sautes d’humeur tout au long du cycle menstruel

Lorsqu’elle a de nouveau eu ses règles (environ un an et demi plus tard), elle a observé des sautes d’humeur régulières et des douleurs plus importantes durant la phase d’ovulation. «Des circonstances telles que le confinement, des changements au travail, mais aussi de petits problèmes quotidiens me faisaient de plus en plus souffrir – jusqu’à ce que je craque», se souvient Jacqueline. Après avoir fait une crise de nerfs, elle a consulté un psychiatre, suivi une hypnothérapie et élaboré des stratégies avec l’aide d’une kinésiologue. 

Hypersensibilité et tensions

Elle se doutait déjà que le cycle menstruel jouait un rôle dans cet épisode dépressif.

«J’ai remarqué que, durant la semaine qui précède mes règles, il y avait toujours un moment où j’étais hypersensible et tendue.»

«J’ai alors peur de tout perdre, zéro confiance en moi et peu d’enthousiasme, explique Jacqueline. Parfois, je suis au bord des larmes sans être en mesure d’expliquer ce qui m’arrive. Et bien entendu, j’éprouve aussi de la culpabilité lorsque je n’ai pas le moral, car je ne veux pas que mon partenaire et notre fille en souffrent eux aussi.»

Comment un homme voit-il les choses?

Heureusement, Jan, son partenaire, fait preuve de compréhension. «Il se tient à mes côtés et me montre que nous formons une équipe, ce qui me donne de la force. En outre, il sait en permanence dans quelle phase je me trouve.» 

Ce que confirme Jan: «Effectivement, je sais toujours où elle en est.»

«Pour moi aussi, ses règles constituent une période difficile parce qu’en tant qu’homme.»

«Il y a de nombreuses choses que je ne peux pas vraiment comprendre en ce qui concerne le cycle menstruel. Mais j’ai appris à accepter cette situation et à élaborer autant que possible des solutions plutôt que de chercher en vain des réponses. Cela implique notamment de se contenter d’être présent et à l’écoute lorsqu’elle a besoin d’un soutien.»

Faire preuve de respect et réfléchir

Jan aide par exemple sa partenaire en s’occupant seul de leur fille. Il précise toutefois: «Nous formons une famille, et la vie doit continuer. Le fait que Jacqueline réfléchisse à sa situation et comprenne que ses baisses de moral nous touchent tous les trois est une très bonne chose. Le respect mutuel nous facilite la vie, même si tout n’est pas toujours parfait. Durant ces phases, il est important aussi de ne pas trop cogiter et de s’abstenir de tout remettre en question.» 

Des réponses grâce à un bilan hormonal

Pour voir où elle se situe dans le cycle menstruel, Jacqueline utilise l’application Maya. En outre, elle a récemment effectué des tests salivaires et d’urine dans le cadre d’un bilan hormonal, qui a montré que son taux de sérotonine, de dopamine et de progestérone – précisément les hormones qui donnent de la joie de vivre et de l’énergie – était faible. «Cela m’a à la fois ouvert les yeux et soulagée: je dispose enfin de valeurs concrètes qui expliquent quasiment noir sur blanc ce que je ressens.» Elle utilise désormais une crème à la progestérone afin de rétablir son équilibre hormonal.

Prendre davantage soin de soi

«Je comprends de mieux en mieux mon cycle menstruel. Je suis sur la bonne voie», indique Jacqueline. Dans les moments difficiles, elle mise sur des rituels bien-être: un éclairage aux bougies, du parfum d’ambiance, une bouillotte, une couverture autour du ventre et un bon livre. «J’essaie d’être à l’écoute de mon corps et de m’accorder des pauses. Il m’arrive parfois de décommander des rendez-vous qui ne sont pas urgents ou de les planifier de manière à ce qu’ils ne tombent pas durant la phase délicate.»

Pour se détendre, elle mise sur des promenades dans la nature et, de temps en temps, sur un peu de yoga le matin. Depuis qu’elle s’est mise à la musculation il y a 6 mois, elle se sent plus forte physiquement, elle est plus sûre d’elle et elle accorde davantage d’importance à une alimentation équilibrée. 

«Chaque femme est différente, et donc les solutions aussi. Mais le fait d’en discuter par exemple avec des amies facilite grandement les choses. Cela fait du bien de savoir qu’on n’est pas la seule à se poser des questions, et nous apprenons les unes des autres. De manière générale, je trouve important que les sujets propres aux femmes tels que les menstruations ou la ménopause ne soient plus tabous. Je parle librement du cycle menstruel avec notre fille. Cela lui facilitera la vie et, je l’espère, permettra à sa génération de faire preuve de plus d’ouverture d’esprit.»

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